Le tour de l\'Europe en 125

Le tour de l\'Europe en 125

De Ketama à Fès

  Dimanche 3 mai 2009,

  Je quitte Mansour malgré son insistance, je n'insisterai jamais assez sur le fait qu'il insiste, et reprends la route, à mes risques et périls par rapport au taux d'alcoolémie toléré, au pire un petit bifton et ça passera comme une lettre à la poste. En plus coup de bol il fait beau, et y a pas un pet de vent.

  Tout le long de la route, la vente directe continue, j'ai même droit à une exhibition de savonnette au son d'un slogan accrocheur "¿ Olà amigo quieres fumar el porro ?" ce qui signifie pour les non hispanisants "Salut mon ami veux tu fumer le hum hum ?", par contre une fois la province quittée, un comité d'accueil attends nos amis marocains, pas moi, bien sur je suis un touriste qui plus est en moto, donc avec toujours moins de quantité qu'une voiture, le flic me fais signe de passer, ce qui n'est pas le cas de la fourgonnette devant moi moteur éteint apparemment depuis un moment. Et oui au royaume de M6, la tolérance à ses limites, faut pas déconner non plus.

  Contrairement aux idées reçues, le paysage est assez verdoyant.





  Oui oui c'est bien le Maroc, l'hiver 2008 a été rude, le pays a été bien arrosé, il y a même eu de la neige...

Vu que je n'ai plus des masses de flouze, je décide de m'arrêter à un distributeur dans la ville de Taounate, je fais la queue pas moyen de retirer, derrière moi un jeune homme, qui parle très bien le français (Il me vouvoie), il s'appelle Nabil et vit sur Bordeaux, il m'explique qu'il arrive souvent que le dimanche les distributeurs soient vides, car lui aussi n'arrive plus à retirer. Il m'invite à suivre sa Fiat Palio tricorps jusqu'à un autre distributeur.
  Lui arrive à retirer mais moi pas, problème de compte mal approvisionné, et/ou de mauvaises communications inter-banques, quelque chose dans ce style qui fait que je n'ai plus que 4 dirhams en poche. Nabil m'invite à nouveau à le suivre dans un resto au bord de la route,  je pose la moto, mais la laisse en vue, pour la surveiller, même si Nabil me dit que ça craint pas grand chose, personne n'oserai voler un touriste...

Tout autour que des hommes, qui attendent que ça se passe en buvant le thé Whisky Marocain, également en fumant des pétards, même si ici c'est plus le Rif et qu'il faut faire un peu plus attention, en même temps la vue est dégagée, on a le temps de voir venir. Nabil me propose de me payer un Sandwich, je n'ose pas dire oui, même si j'ai pas mangé à Midi et que j'ai une petite dalle, il réitère sa proposition en me disant que ça ne lui pose aucun problème, j'accepte. Mon samaritain du jour s'appelle Nabil...

 

  J'en profites pour demander à Nabil des infos sur le taux d'alcoolémie ; à sa connaissance pas de limite spécifiée, de toute façon tout est tellement négociable dans ce pays avec la police, si t'es bourré tu lui offre un verre (ou la bouteille suivant son humeur) et puis c'est bon...

 

  Nabil est marié à une française et vit chez ses beaux parents, car pour le moment il n'a pas de boulot à Bordeaux, donc ils ne peuvent pas avoir de chez eux, Nabil est instituteur mais ses diplômes sont reconnus, mais l'académie n'a rien de concret donc pour le moment il galère... Il est juste de passage chez lui au Maroc pour venir récupérer quelques affaires, et régler des détails de paperasserie.

 

 Alors que nous parlons, un vieux dont la tête ne me revient pas, vient se poser à côté de nous, il dit un truc en arabe, Nabil se lève et va faire de la monnaie au comptoir, et là le vieux me fait comprendre en frottant son index et son pouce qu'il veut du flouze, machinalement je lui files deux pauvres dirhams, Nabil lui donne à contre cœur et il ajoute, "ces vieux ils ne manquent de rien, mais ils occupent leur journée à profiter et à tendre la main"...

Il est temps de repartir vers Fès, nous échangeons les numéros avec Nabil, je lui revaudrai ça, en plus Bordeaux est sur ma route de toute façon...

 

 A partir de maintenant la route est nickel, je bombarde et arrive sur Fès en début de soirée, vu que c'est chaud de retrouver Abdelaq, je décide de tracer direct sur le camping.

  Après avoir tourné deux heures dans la ville, je trouve enfin le camping, à l'entrée le gardien est dans le même cas de "figure" que le vieux précédemment cité c'est à dire :

 

 

  Une sale trogne également, me demande d'où je viens, Kétama ah la la monsieur vous avez beaucoup de chances, c'est une des villes les plus dangereuses du pays

- Ah bon ? pas au courant je suis là c'est le plus important

 

Ca me rappelle environ une semaine plus tôt quand j'étais à la station service de Coin en Espagne où à entendre les locaux le Maroc était peuplés d'assassins sanguinaires violeurs d'enfants et tueurs de femme ou bien le contraire.


Et là sale trogne enchaine sur : " Monsieur est ce que je peux faire un tour avec ta moto steuplait ?

- Non pas vraiment

- Mais m'sieur je vais juste devant là et puis j'en ai déjà conduit m'sieur

- Si ça t'amuse vas y

Comme ça je suis débarrassé et il peut faire le beau devant ses collègues, mais je regrette, à l'avenir que ce genre de types aillent se faire foutre, je peux comprendre que des jeunes demandent ça, moi même dans ma jeunesse ; mais là le type a au moins 35 ans, faut pas déconner non plus.

  Le sol du camping est dur comme du bois, un peu galère pour planter la tente, à côté un couple de quarantenaires hollandais avec un gros Land Rover, la femme n'est pas dégoutante, et me donne des rallonges fluos (Pour qu'on les voie dans la nuit, les bataves sont décidément des as du camping) pour pouvoir mieux attacher l'avancée de tente et ainsi assurer plus de maintient à l'ensemble.

  Coup de bol le camping dispose de douches chaudes gratuites, qui ne se font pas attendre, et dont je profites au maximum, c'est un homme neuf qui sort de la douche.

  Pendant la douche j'ai reçu un appel j'écoute le répondeur "Bonjour Julien c'est Abdelaqh, pourquoi vous n'avez pas venu ???" Mort de rire, on verra ça demain, je lui envoie quand même un texto pour lui dire que je suis au camping parce que c'était plus simple pour moi...

 

Demain est un autre jour.



05/10/2010
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